Newsletter N°69 - Trois questions à : Jos Lenferink, président de Veka France
Trois questions à : Jos Lenferink, président de Veka France
Vincent Lebugle : Le marché français présente-t-il des particularités ?
Jos Lenferink : C'est un marché très différent des autres marchés européens par le simple fait que les bâtiments qui sont partout isolés à partir de l'extérieur sont en France isolés par l'intérieur. Cette caractéristique conduit donc inévitablement à construire les fenêtres différemment, et en toute logique, à avoir besoin des profilés très éloignés de ceux utilisés par les autres marchés européens. Cette particularité justifie à elle seule la présence d'un "extrudeur gammiste" en France. Il s'agit en effet d'un métier très automatisé sur lequel les économies réalisées, en faisant appel à une main d'œuvre à faible coût, ont peu d'impact sur les prix et peuvent même s'avérer pénalisantes lorsque l'on y intègre les coûts de transport. Il y a beaucoup à tirer d'une présence de proximité qui permet de coller au marché et même d'anticiper ces besoins. Cette proximité nous permet par ailleurs de parfaitement intégrer les particularités contractuelles liées aux spécificités législatives de l'Hexagone. Cette capacité d'adaptation au marché, soutenue par la forte capacité d'un grand groupe à fournir rapidement des réponses aux demandes nouvelles, est incontestablement un atout face à nos confrères agissant sur le marché français, mais qui n'ont, selon le cas, pas d'implantation française, mais une force de frappe importante ou qui, au contraire, connaissent très bien le marché français mais peinent à répondre à ces demandes du fait d'une structure insuffisante pour suivre un rythme d'innovation soutenu. Nous, nous avons les deux.
V.L. : Vous avez fait le pari de la couleur avec la technologie du "plaxage", quelles sont les raisons qui vous poussent à aller dans ce sens ?
J. L. : À ce sujet, la vision du marché que nous offre le Groupe explique en partie ce choix. En effet, la seule vue du marché français aurait pu nous écarter de cette voie, car la France n'est pas très portée sur les ouvertures colorées, comparée à ses voisins européens comme l'Italie où 55 % des fermetures vendues sont en couleurs, 25 % en Allemagne… . Or, notre vision globale du marché nous fait croire que la France, qui est à moins de 10 %, va évoluer dans les années qui viennent. Rien que pour cette année nous allons réaliser sur notre site 1 Million de mètres de profilés sur les 17 produits au total. D'autre part, nous parions sur les atouts économiques d'une ouverture réalisée en profilés "plaxés". En effet, même si l'opération qui consiste à coller sur le profilé le film de décoration imitant un aluminium brossé anodisé ou un bois naturel, a incontestablement un coût supplémentaire par rapport à un profilé brut, le coût d'une fermeture ainsi réalisée reste inférieur à la même ouverture réalisée en aluminium ou en bois. Tout cela avec des caractéristiques inchangées et très supérieures aux autres technologies en termes de qualité thermique. Ajoutons à cela que nous savons réaliser des baies en PCV de plus en plus grandes et nous avons toutes les raisons de prédire un grand avenir à ce type de produit.
V.L. : Côté investissement, quels sont les axes pour le site de Thonon-les-Bains ?
J. L. : Nous avons investi cette année environ 5 millions d'euros. Bien sûr, une partie concerne la mise en place de l'activité de plaxage au travers de la ligne elle-même, mais aussi de l'extension de bâtiment nécessaire. Nous sommes également en cours de recrutement, pour étoffer les nouvelles équipes de plaxage, et pour répondre à un accroissement de la production. Nous avons en effet signé des contrats avec de nouveaux clients dont certains, comme Oxxo, représentent un volume important à produire.